Une nouvelle année commence et déjà, nous pouvons entrevoir des innovations prometteuses pour les mois à venir. Le domaine médical ne manque pas de ressources pour améliorer le parcours de soin, révolutionner les thérapies ou repousser encore plus loin les limites des interventions chirurgicales. Quelles sont donc les tendances e-santé 2023 qui vont faire parler d’elles ? Nous vous proposons de suivre 5 avancées majeures qui conjuguent avec brio essor technologique, expertise numérique et compétences médicales.
1. Un parcours de soins phygital : entre l’examen clinique et le soin à distance
Depuis son encadrement législatif en 2018, la télésanté s’est de plus en plus développée. Si cette médecine à distance a répondu aux enjeux des confinements successifs, l’utilisation des nouvelles technologies sert un autre objectif : faciliter l’accès aux soins dans un contexte de désertification médicale en France. À l’heure où le manque de soignants paralyse certaines régions, la téléconsultation apporte un élément de réponse.
Selon une étude de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), 7 médecins généralistes sur 10 exercent en groupe, parfois à distance. Dès lors, la télémédecine, avec le partage des documents ou la gestion des disponibilités sur des outils sécurisés, apporte plus de coordination pour les soignants et fluidifie le parcours de soin des patients.
Cependant, la téléexpertise ne saurait remplacer complètement l’examen clinique puisque certains diagnostics ne peuvent s’établir à travers un écran. En 2023, nous nous dirigeons vers un parcours de soin en équilibre entre l’examen clinique et le soin à distance.
Pour répondre à ces enjeux, Caducy, logiciel mis au point par la start-up I-Virtual, propose de donner des informations de santé en temps réel au moment de la consultation médicale en ligne. Avec un selfie vidéo de 30 secondes, le professionnel disposera de signes vitaux comme le rythme cardiaque ou la fréquence respiratoire, ce qui permettra d’affiner son diagnostic.
En parallèle, des agents conversationnels (chatbots) se développent de plus en plus pour servir de soutien psychologique de premier niveau ou pour offrir un relais entre les consultations. Dans un contexte de pénurie de professionnels de santé et de hausse des troubles liés à la santé mentale, ce dialogue ouvre des perspectives intéressantes de prise en charge. Probablement que l’année 2023 verra apparaître l’essor de ce recours.
2. Les objets connectés : un support pour assurer le suivi médical
Les objets connectés (Internet of Things ou IoT) possèdent un intérêt médical puisqu’ils peuvent enregistrer, analyser et synthétiser des données. Ainsi, il est possible de réaliser une automesure tensionnelle, d’apporter une aide au traitement du diabète de type 1 ou de surveiller des complications d’un cancer du poumon. Ainsi, les montres, les biopatchs ou les appareils auditifs intelligents servent à étudier les signes vitaux d’une personne en continu.
Présenté au salon CES 2023 (Consumer Electronic Show), AeviceMD propose un stéthoscope portable qui détecte les sifflements respiratoires anormaux pour des maladies chroniques telles que l’asthme. À terme, les données récoltées serviront aux médecins pour évaluer la santé cardio-pulmonaire de leur patient. Après la balance et les montres, la start-up française Withings a également présenté lors de cet événement un nouvel objet connecté pour analyser l’urine à fixer au bord des toilettes. Chaque cartouche permet ainsi de réaliser une centaine de tests à domicile.
En plus des capacités de surveillance, ces dispositifs peuvent également analyser le comportement et l’environnement du patient. Ainsi, il sera possible de construire des modèles de causalités individualisés et d’aller encore plus loin dans la personnalisation des soins.
Le respect des secrets des personnes qui consultent les médecins est la base de la confiance qui leur est accordée. Dès lors, la même exigence éthique a besoin d’être maintenue dans le traitement des data (données). La santé numérique implique des questions de sécurité, tant au niveau des objets connectés que des données collectées. Pour cette raison, le besoin de compétences et d’outils dans le domaine de la cybersécurité appliqué à l’e-santé ne devrait faire que croître.
3. L’intelligence artificielle : une aide précieuse pour le diagnostic
L’intelligence artificielle (IA) ne date pas d’hier puisque la naissance des premiers systèmes experts remonte à 1960. Depuis, deux approches se sont constituées, l’une symbolique fondée sur la logique et l’autre numérique établie sur les données. Celle qui nous intéresse ici relève du second courant.
Grâce aux algorithmes d’apprentissage profond (deep learning), une application a été conçue pour repérer de possibles mélanomes sur les photos de peau ou pour dépister des rétinopathies diabétiques sur des images de rétines. Pour parvenir à ce résultat, un grand résultat d’échantillons d’apprentissage a été nécessaire (50 000 pour le premier cas, et 128 000 pour le second).
Avec cette même logique, plusieurs projets se développent pour améliorer le diagnostic comme le système SUOG (Smart Ultrasound in Obstetrics & Gynecology) pour améliorer la qualité des examens échographiques durant la grossesse (inspiré du système d’aide à la décision en analyse d’échographies ou les grossesses extra-utérines [GEU] de LMICS et l’hôpital Trousseau, OPPI) ou le projet PsyCARE pour la prise en charge à un stade précoce de la schizophrénie et de la psychose chronique.
Les algorithmes et l’intelligence artificielle, loin de remplacer les professionnels de santé, s’envisagent plutôt comme des alliés dans la prise à la décision et à la stratégie thérapeutique. Si ces technologies existent déjà, leur utilisation massive n’est pas encore répandue. Néanmoins, nous assistons actuellement au développement massif de l’IA dans le secteur de la e-santé et ces technologies innovantes devraient atteindre leur maturité d’ici 2030.
4. La robotique, l’intelligence artificielle et l’impression 3D : une alliance qui réinvente le bloc opératoire
La robotique constitue un sous-domaine spécifique de l’intelligence artificielle. L’objectif est d’augmenter l’autonomie des machines en les dotant de capacités perceptuelles, décisionnelles et d’action. Ainsi, la chirurgie assistée par ordinateur permet d’améliorer la précision d’un geste ou même d’opérer à distance.
L’impression 3D repousse encore davantage les limites des pratiques chirurgicales. La modélisation d’organes en trois dimensions aide le chirurgien dans la planification de la stratégie opératoire, mais aussi dans la justesse de l’intervention afin qu’elle soit moins invasive et plus sûre. La bio-impression ouvre aussi des perspectives innovantes pour la transplantation.
En parallèle, l’expansion des robots d’assistance aux personnes est un secteur en fort développement et qui devrait faire parler de lui en 2023 en raison des questions éthiques qu’il pose.
5. Les thérapies numériques : une perspective grandissante parmi les tendances e-santé 2023
Dès les années 90, les chercheurs se sont intéressés à la réalité virtuelle (VR) pour traiter les patients victimes de phobies. Si le matériel de l’époque était rudimentaire et coûteux, la technologie a gagné en autonomie depuis. Désormais, ces équipements se développent dans de nombreux services hospitaliers et montrent toute leur pertinence dans plusieurs cas d’application (imagerie médicale, dialyse, pédiatrie, gynécologie, odontologie, soins palliatifs, coloscopie, douleurs chroniques, etc.).
L’immersion dans un scénario de réalité virtuelle sert à atténuer, voire soulager, la douleur et l’anxiété des patients. Dans certains cas, le dispositif permet même d’éviter le recours à l’anesthésie générale. Comme vous pourrez le constater dans notre section consacrée aux recherches cliniques, les résultats des études montrent une diminution significative de la sensation d’angoisse et de la souffrance après une utilisation des casques de réalité virtuelle.
Les tendances e-santé 2023 se tournent vers une meilleure gestion de la téléconsultation, une présence accrue des objets connectés pour assurer un suivi des patients, un développement croissant de l’intelligence artificielle pour l’aide au diagnostic et la performance chirurgicale, ainsi qu’une intervention plus fréquente des thérapies digitales dans le parcours de soin. Pour accompagner l’évolution numérique du secteur, le gouvernement a lancé un plan d’investissement dans les technologies innovantes : le programme France 2030. Healthy Mind est fier d’avoir été sélectionné avec le projet NeuroMindinov, une thérapie digitale alliant réalité virtuelle immersive et neurofeedback. En attendant que ce dispositif voie le jour, nous serons ravis de vous présenter tous les bienfaits de nos environnements de réalité virtuelle. N’hésitez pas à contacter nos équipes !
Sources :
- Dossier de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Intelligence artificielle et santé, des algorithmes au service de la médecine ;
- Ordre national des médecins, Conseil National de l’Ordre (CNOM), Médecins et patients dans le monde des data, des algorithmes et de l’intelligence artificielle.