Comment prendre en charge l’anxiété en soins palliatifs ?

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Prise en charge de l'anxiété en soins palliatifs.

Au quotidien, l’anxiété contribue à diminuer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Selon leur durée et leur intensité, les traitements envisagés pour la soulager varient. Lorsqu’elle n’obnubile pas le malade, les troubles anxieux ne nécessitent pas la prescription systématique d’un anxiolytique. Dans ces cas légers à modérés, des traitements non médicamenteux de la douleur peuvent intervenir et offrir un environnement sécurisant, rassurant et positif. Dès lors, en tant qu’aidant ou proche du patient, comment détecter les signes annonciateurs et quels outils adoucissent les angoisses ? Cet article explore l’évaluation des symptômes du stress et les techniques thérapeutiques qui permettent la prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs.

 

Identifier les signaux qui témoignent d’une angoisse chez le malade en fin de vie

Distinguer les crises anxieuses parmi les symptômes physiques et psychologiques d’une maladie est une tâche complexe. Néanmoins, des manifestations cliniques permettent d’appréhender ces phénomènes et de les identifier. Quelles sont-elles ?

 

Les manifestations somatiques du stress

L’anxiété se traduit par des symptômes physiques qui témoignent d’une dysrégulation neurovégétative, c’est-à-dire d’une perturbation dans le contrôle et la régulation des grandes fonctions de l’organisme. Plusieurs symptômes somatiques sont ainsi associés à l’angoisse : 

  • les signaux respiratoires : sensation de constriction, oppression thoracique ou dyspnée (gêne respiratoire).
  • les indicateurs cardiovasculaires : palpitations, tachycardie, douleurs thoraciques atypiques ou lipothymie (sensation temporaire de malaise sans perte de connaissance).
  • les indices neuromusculaires : crispation, crampes, tremblements, agitations motrices, paresthésies (trouble du sens du toucher), acouphènes ou sensations de vertige.
  • les signes digestifs : inappétence, nausées ou spasmes coliques.
  • l’expression accrue d’une douleur préexistante ou une modification inexpliquée de cette dernière.
  • l’apparition d’une fatigue décuplée et de troubles du sommeil.

 

Les symptômes psychologiques de l’anxiété

Le malade n’a pas toujours conscience de son état anxieux, et même lorsqu’il en a connaissance, l’expression de ses ressentis peut être entravée par la honte, le déni ou la volonté de préserver ses proches. Cependant, le stress reste observable et se manifeste généralement selon trois vecteurs : 

  • affectif : inquiétude, anticipation dramatisée des événements futurs, craintes de conséquences indéterminées, peur excessive, sentiment de perte de contrôles, intensification d’une sensation d’impuissance.
  • cognitif : difficultés de concentration, rumination, tendance à l’oubli, blocage de la pensée.
  • comportemental : méfiance, irritabilité, hypervigilance, agitation psychique ou motrice.

 

Les facteurs favorisant un trouble anxieux

Dans un contexte de vulnérabilité accrue, de tristesse ou de peur, les patients sont d’autant plus sensibles à leur environnement. L’anxiété peut ainsi se révéler contagieuse. Si initialement le malade présentait un bon seuil de tolérance, il n’est pas rare que son angoisse soit majorée par la décompensation anxieuse de son entourage ou du personnel médico-soignant. 

L’approche de la mort, réelle ou non, entraîne souvent un combat intérieur et une remise en question de son existence. Les questionnements fusent, la perte de contrôle s’accentue, parfois une lutte inconsciente jaillit face aux valeurs religieuses ou aux conflits fondamentaux de la vie.

Une maladie psychiatrique sous-jacente telle que la dépression est un élément particulièrement aggravant du trouble anxieux. Les réactions médicamenteuses (sevrage, corticoïdes) ou une douleur mal contrôlée constituent un foyer propice au développement du stress du patient.

 

Les échelles de dépistage au service d’une meilleure prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs

L’identification de l’anxiété est la première étape pour la soigner. Des supports ont émergé pour diagnostiquer une détresse psychologique et la traiter. Deux outils prédominent dans le milieu hospitalier : l’échelle ESAS et HADS.

 

L’échelle ESAS : un outil de dépistage du bien-être à l’hôpital

Mise au point par l’équipe des soins palliatifs d’Edmonton au Canada, cette échelle systémique nommée Edmonton Symptom Assessment System (ESAS) présente une approche interdisciplinaire pour évaluer les symptômes les plus courants : la douleur, la fatigue, les nausées, la dépression, l’anxiété, l’appétit, la somnolence, la dyspnée et le bien-être. 

De sa propre initiative ou aidé par le personnel soignant et la famille, le patient coche pour chaque catégorie le niveau qui correspond à sa perception de son état. L’ESAS permet une vision globale pour le corps médical grâce à un graphique de synthèse des réponses. Il s’agit d’un test rapide sous la forme d’un autoquestionnaire qui estime la stabilité de la situation et, si répété, son évolution.

 

Détecter l'anxiété chez les patients en soins palliatifs avec des échelles de dépistage.

 

L’échelle HADS : la plus utilisée en soins palliatifs

Développé pour les patients atteints d’une pathologie somatique, l’Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS) est un outil d’autoévaluation conçu pour détecter les troubles anxieux et dépressifs. Il comporte 14 items cotés de 0 à 3. Parmi eux, sept questions concernent l’anxiété et sept autres se concentrent sur la dimension dépressive. L’interprétation dépend du score final obtenu sur 21 points : 

  • 7 ou moins : absence de symptomatologie ;
  • 8 à 10 : possible anxiété ;
  • dès 11 points : troubles anxieux probables.

 

Les traitements non médicamenteux de la douleur pour améliorer la qualité de vie et le confort des patients

Lorsque l’état d’agitation n’est pas incapacitant, les interventions non médicamenteuses sont à privilégier pour soulager les patients. Ces soins de confort en fin de vie peuvent également être associés aux approches pharmacologiques en cas d’anxiété sévère.

 

S’adresser à un psychologue pour gérer les crises anxieuses

Dans le cadre d’une approche pluridisciplinaire, le psychologue s’intéresse aux dimensions psychiques, subjectives et relationnelles de la personne en souffrance. Grâce à l’établissement d’un lien de confiance, le professionnel offre une écoute attentive et empathique, soutient et conseille, mais surtout amène le malade à identifier ses émotions et à les exprimer. 

Ce travail profond de communication met en éveil et éclaire les pathologies endormies. Le psychologue devient alors un pilier pour l’équipe soignante et pour les proches : il apporte compréhension de la situation aux premiers et sensibilité aux seconds. Seul le refus du patient présente une contre-indication.

 

Recourir à la technique du Toucher-massage®

Véritable outil d’accompagnement, les formes douces de massage contribuent à réduire l’anxiété chez les patients. Le concept de Toucher-massage® est apparu dans les années 1980 pour former et sensibiliser les soignants aux gestes de bien-être. Cette technique conduit ainsi les personnes hospitalisées vers l’apaisement et la détente grâce à des mouvements de pressions ou de malaxages légers. 

Des essais cliniques contrôlés ont prouvé une diminution significative des troubles anxieux chez des personnes atteintes de maladies oncologiques. La phlébite, la fièvre, l’inflammation ou les affections de la peau constituent cependant des contre-indications à la pratique du massage.

 

S’appuyer sur la sophrologie pour favoriser la détente

La sophrologie invite à prendre conscience de sa respiration, de ses émotions et de ses perceptions. En lien direct avec la relaxation et la visualisation, cette activité a l’objectif d’harmoniser le corps et l’esprit afin d’atteindre un équilibre. Elle stimule la confiance en soi, canalise les peurs et facilite une reprise de contrôle de son corps et de ses symptômes. 

Les essais cliniques concernant l’efficacité de la sophrologie en soins palliatifs manquent. Cependant, les équipes antalgiques et soins palliatifs au sein du Département de réhabilitation et gériatrie des Hôpitaux universitaires de Genève constatent un net apaisement de l’anxiété chez les personnes soignées. Nécessitant une participation active du patient, les contre-indications à cette pratique reposent sur les états confusionnels, les troubles de la personnalité et les déficits cognitifs avancés.

 

Les casques de réalité virtuelle Healthy Mind employés pour la prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs.

 

Envisager la réalité virtuelle pour la prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs

La réalité virtuelle (VR) s’appuie sur une technologie 3D qui permet de s’immerger dans un paysage virtuel. Cette technique exerce alors une action analgésique et anxiolytique nonpharmacologique. Les environnements relaxants s’accompagnent de principes d’hypnose médicale, de musicothérapie et de cohérence cardiaque afin de maximiser l’action thérapeutique

L’étude de Erwan Gremion, Y. C., a mis en évidence une diminution de 70 % de l’anxiété et de la douleur après la séance de réalité virtuelle de Healthy Mind chez les patients en unité de soins palliatifs. L’immersion en VR est une thérapie de choix pour favoriser le bien-être et ne présente pas de contre-indications si le malade n’a pas de troubles épileptiques ou de déficits cognitifs majeurs.

 

À l’approche de la fin de vie, les émotions anxieuses envahissent le quotidien des patients et se manifestent par des symptômes somatiques et psychologiques. Face à la détresse des malades, les traitements non médicamenteux de la douleur permettent aux soignants et aux proches d’offrir un soulagement corporel et mental. Parmi elles, l’immersion en réalité virtuelle apparaît comme un véritable support dans la prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs. Pour en apprendre davantage sur notre solution, n’hésitez pas à contacter nos équipes et à demander une démonstration de notre casque de réalité virtuelle.

 

Sources :

  • Diagnostics infirmiers, Interventions et bases relationnelles de Denges-Moorhoose, De Boeck Université, Montréal : Ed.du Renouveau Pédagogique Inc. 2001, p. 144.
  • Vignaroli E, Pace EA, Willey J, et al. The Edmonton symptom assessment system as a screening tool for depression and anxiety. J Palliat Med 2006;9:296-303.
  • Zigmond AS, Snaith RP. The hospital anxiety and depression scale. Acta Psychiatrica Scandinavia 1983,67:361-70.
  • Boegli et Cabotte, 2006, Essais cliniques contrôlés sur l’efficacité anxiolytique de massages.
  • Erwan Gremion, Y.C. Maison Pallia-Vie. Apport de la réalité virtuelle thérapeutique dans la gestion de la douleur et l’anxiété pour l’accueil de jour en soins palliatifs. 
  • Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES). Modalités de prise en charge de l’adulte nécessitant des soins palliatifs, décembre 2002.
  • S. Pautex V. Toni P. Bossert H. Hilleret D. Ducloux J. Forestier E. Cabotte Y. Philippin H. Guisado N. Vogt-Ferrier. Anxiété dans le cadre de soins palliatifs. Rev Med Suisse 2006; volume 2. 31735.

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