Tout comprendre sur le mal des transports de la VR
Avez-vous déjà ressenti un inconfort ou des nausées lors d’un trajet en voiture, en bateau ou en avion ? Cela n’a rien d’étonnant puisque le « mal des transports » affecte plus de 3 millions de Français. Bien que sans gravité, les symptômes ressentis se montrent particulièrement désagréables et perturbants au quotidien. Si pendant longtemps l’apparition de ces effets était limitée aux véhicules, désormais ils n’en possèdent plus le monopole. En effet, les utilisateurs d’un casque de réalité virtuelle (VR) peuvent expérimenter les mêmes désagréments lors d’une immersion. D’où provient ce phénomène de cybercinétose, pourquoi se manifeste-t-il et comment l’éviter ? Vous allez le découvrir dans les prochaines lignes.
La cinétose : un phénomène qui ne date pas d’hier
Si la cybercinétose est un maux récent induit par les nouvelles technologies, la cinétose possède des origines anciennes. Les premiers écrits qui relatent cette perturbation des sens datent de 800 avant J.-C et évoquent alors une « peste en mer ». À cette époque, les navires représentaient un moyen de transport essentiel pour le commerce, la guerre et la migration. Pendant les périples sur les océans, de nombreux passagers souffrent de symptômes intolérables, à tel point que notre langue en gardera une trace puisque le mot « nausée » dérive du terme grec naus dont la signification en français est : « navire ».
Il faudra ensuite attendre 300 après J.-C pour que les Chinois documentent les origines multiples des nausées et proposent des termes plus spécifiques : zhuche pour « l’influence de la charrette » ou zhuchuan pour « l’influence du navire ».
Désormais, les scientifiques savent que le mal des transports, quel que soit le moyen adopté, dépend du système vestibulaire. En effet, cet ensemble d’organes sensoriels localisés dans le cerveau et l’oreille interne agit sur l’équilibre et l’orientation spatiale. Que se passe-t-il concrètement ?
Lorsque votre système vestibulaire perçoit un mouvement alors que votre système visuel ne le détecte pas, alors la dissonance entraîne des symptômes comme des vomissements, des vertiges et parfois une perte d’équilibre.
La cybercinétose : un conflit entre les sens
Le principal effet secondaire de la réalité virtuelle
Pour illustrer l’effet de la cinétose, vous pouvez simplement imaginer ce que vous ressentez sur un bateau lorsque vous sentez le déplacement alors que l’horizon reste fixe. La cybercinétose correspond au procédé inverse : vous restez immobile, mais vous percevez les mouvements dans un monde virtuel. Vous n’effectuez aucun déplacement, pourtant le personnage que vous incarnez marche, court ou saute. Cette dissociation provoque les mêmes effets que le mal des transports. En recevant des informations contradictoires, nous éprouvons un conflit sensoriel.
D’un point de vue clinique, les deux états ne présentent pas de différences puisque les symptômes et les sensations se révèlent identiques. Eugène Nalivaiko, professeur agrégé à l’université de Newcastle en Australie l’exprime d’ailleurs parfaitement dans son étude comparative sur la cinétose et la cybercinétose.
En 2011, 30 à 80 % des utilisateurs d’objets de réalité virtuelle faisaient l’expérience de la cybercinétose. Avec l’amélioration des technologies, ce chiffre a ensuite baissé pour toucher 25 à 60 % des utilisateurs. La généralisation de ce phénomène n’a rien d’étonnant puisque le corps humain s’adapte à un monde transformé par les technologies, une compétence dont il n’a pas hérité. Parmi les effets secondaires de la réalité virtuelle, la cybercinétose demeure l’inconvénient majeur des immersions.
L’origine de la cybercinétose
Comment se fait-il que la déconnexion de nos systèmes vestibulaire et visuel entraîne des nausées ou d’autres effets secondaires ? Pour répondre à cette question, il existe trois théories qui s’appuient toutes sur le postulat d’une mauvaise interprétation par le corps des signaux qu’il perçoit. Ces messages sont interprétés comme :
- discordants dans la théorie du conflit sensoriel ;
- correspondant à une intoxication dans la théorie du poison ;
- identifiables comme une perte de stabilité posturale dans la théorie de l’instabilité posturale.
Néanmoins, la première théorie reste la plus communément admise.
Les symptômes du mal de transport virtuel
Les symptômes de la cybercinétose, comme ceux de la cinétose, se ressemblent et entraînent :
- inconfort ;
- pâleur ;
- somnolence ;
- maux de tête ;
- troubles visuels ;
- nausée ;
- vomissement ;
- transpiration ;
- perte d’équilibre ;
- désorientation.
Ces effets apparaissent dans les premières minutes de l’immersion et s’estompent rapidement après la fin de l’expérience. Plusieurs facteurs influencent l’apparition de la cybercinétose comme l’environnement virtuel proposé (parcours en montagnes russes, sensation de vitesse, etc.), la durée et la fréquence de l’exposition. De ce fait, pour réduire les effets de la cinétose du 21e siècle, il est recommandé de :
- limiter le temps d’exposition ;
- exposer progressivement les utilisateurs ;
- proposer des pauses régulières.
Ces préconisations rejoignent celles transmises par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) dans le guide des bonnes pratiques à adopter lors de l’utilisation de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée.
Comment réduire les effets de la cybercinétose en réalité virtuelle ?
Les logiciels de réalité virtuelle Healthy Mind sont conçus à des fins thérapeutiques. L’objectif des immersions repose sur l’apaisement de l’anxiété et des douleurs. Le dispositif s’adapte ainsi au contexte hospitalier et aux besoins de l’équipe médicale. De ce fait, il paraissait essentiel d’empêcher l’apparition de la cybercinétose afin de ne pas générer un malaise supplémentaire pour les patients.
Dans les immersions en réalité virtuelle « classiques », l’utilisateur a la possibilité d’effectuer un mouvement, que ce soit une avancée ou l’observation d’un paysage environnant à 360°. Cependant, comme nous venons de le voir, cette proposition favorise l’émergence des maux associés à la cybercinétose.
Pour cette raison, nous avons choisi de concevoir nos environnements avec un procédé de « téléportation » d’un point à un autre, sous une forme de circuit, plutôt qu’un déplacement. L’utilisateur se situe par exemple devant un paysage près d’un lac pendant 40 secondes, puis, à la suite d’une courte transition visuelle, il est « téléporté » à l’entrée d’une forêt où se trouve une biche, et ainsi de suite.
En enlevant le système d’avancée, nous retirons aussi les effets induits par la cybercinétose. D’autre part, les séances restent entièrement modulables et paramétrables pour conserver le contrôle sur la durée de l’immersion et ne profiter que des bienfaits de la VR.
Pour concevoir une expérience véritablement apaisante, nous élaborons nos immersions avec l’aide d’une équipe d’anesthésistes et d’hypnothérapeutes. Cette étroite collaboration sert à éviter tous les aspects problématiques afin de créer une atmosphère calme et sereine. La scénarisation des environnements écarte tous les éléments anxiogènes ou perturbants dans le but de favoriser la détente.
Vous souhaitez découvrir le fonctionnement du dispositif Healthy Mind ? Nous serions ravis de vous le présenter au cours d’une démonstration.